L'Eurofighter est un avion de combat européen avancé, fruit d'un programme commun entre l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la Grande-Bretagne. Principalement dédié à l'interception et au combat air-air au départ, le programme est maintenant aussi tourné vers l'attaque au sol. Ce biréacteur à configuration canard (sans gouverne de profondeur à l'arrière), très agile, construit en grande partie en matériaux composites, est destiné à constituer le fer de lance de l'aviation de chasse des quatre pays ayant mené le programme.
Développement
Au milieu des années 80, les tentatives de développement d'un unique avion de combat européen échouent avec le départ de la France de la table des négociations, en partie à cause de divergences et de différences de besoins opérationnels. La France, qui veut un avion omnirôle avec une version embarquée, continuera donc seule en produisant son propre avion : le Rafale. L'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et la Grande-Bretagne décident de développer un avion de défense et de supériorité aérienne pouvant effectuer des missions d'attaque. Pour mener ce projet, en 1986 une société commune est créée: Eurofighter GmbH.
A l'origine 760 appareils étaient prévus (répartis entre les pays constructeurs), en 1990 ce chiffre est revu à la baisse et passe de 760 à 620. Le développement a été difficile (à cause des hésitations de l'Allemagne, du fait des coûts), et le programme fut même gelé en 1992. Le premier vol de l'appareil intervint le 27 Mars 1994, et après quelques nouveaux ralentissements du programme dûs principalement à des raisons politiques et de financement, le premier avion de production vola en 2002.
Conception
Aérodynamique
Comme la plupart des chasseurs modernes, l'Eurofighter est conçu pour être instable (-35% de marge statique en subsonique). Le pilote contrôle donc l'avion par le biais d'un ordinateur de vol, qui se charge de maintenir la trajectoire de vol. Les ailes sont basses, avec une flèche de 53° au bord d'attaque, un "taper ratio" (1) de 2.15, un dièdre positif de 1° ; elles sont peu intégrées au fuselage.
Les deux canards ne sont mobiles que de manière synchronisée, à la différence du Rafale, par exemple, où ils peuvent agir asymétriquement. Ils peuvent aider les aérofreins lors de l'atterrissage en étant braqués vers le bas, pour maximiser la traînée. Ils semblent être beaucoup plus avancés par rapport aux ailes que les plans canards du Rafale ou du Gripen.
Les bords d'attaque sont pourvus de deux becs de bord d'attaque automatiques. Des "flaperons", jouant tour à tour le rôle d'aileron et de volet, équipent les bords de fuite. Un aérofrein est situé sur le dos de l'avion. Un pilotage aisé et sans risques de sortir de l'enveloppe de vol est permis par des commandes de vol électriques contrôlées par un ordinateur de bord. Le tanguage est contrôlé par les canards et les flaperons, le roulis par les flaperons actionnés antisymétriquement, et la dérive contrôle le lacet.
Structure
La structure utilise intensivement les matériaux composites : les ailes, l'empennage et une grande partie du fuselage sont produits en fibre de carbone (70 % de la surface), tandis que le nez et le haut de la dérive sont en fibre de verre (12 % de la surface). Les canards, entre autres, sont en titane. Au total, seulement 15 % de la surface de l'avion fait appel à des métaux.
Le train d'atterrissage est classique : une roulette de nez qui se rétracte vers l'avant, et deux jambes de train rentrant dans le fuselage, vers l'intérieur. Chaque jambe est équipée d'une simple roue. Un parachute de freinage est logé à la base de la dérive.
La cellule est prévue pour 6000 heures de vol, ou 25 ans à raison de 240 h de vol par an. La maintenance (10 heures/homme par heure de vol) est rendue aisée par un système IVHM (Integrated Health Monitoring System), qui calcule les charges appliquées à la cellule, en 20 positions, 16 fois par vol. Le changement d'un moteur peut être effectué en 45 minutes.
Propulsion et armement
L'Eurofighter est propulsé par deux réacteurs Eurojet EJ200, d'environ 60 kN de poussée chacun à sec, et 90 kN avec post-combustion. L'avion embarquerait environ 5700 l de carburant dans deux réservoirs de fuselage et deux réservoirs d'ailes. Il est capable de se ravitailler en vol, et d'emporter jusqu'à trois réservoirs largables : deux de 1000 ou 2000 l sous les ailes, et un de 1000 l sous le fuselage ; seuls ceux de 1000 l sont supersoniques.
L'Eurofighter dispose de 13 pylônes d'emport, 5 sous le fuselage et 4 sous chaque aile. Un canon Mauser de 27 mm est intégré dans la structure, et dispose de 150 obus.
Avionique
Le radar utilisé est l'Euroradar ECR 90 Captor, un radar multi-modes. Ses modes d'opération sont rassemblés en trois catégories : air/air longue portée, air/air courte portée et air/surface. Le radar ajuste automatiquement ses émissions (Low Pulse Repetition Frequency, High Pulse Repetition Frequency, Track While Scan...) en fonction de la zone à scanner, et peut être asservi au viseur de casque. Bien qu'utilisant une antenne mécanique, ce radar a d'après BAE Systems une haute réactivité, permettant de mener de front des opérations indépendantes, comme un scan air/air et un scan air/sol.
A terme, ce radar devrait être remplacé par l'AMSAR, un projet destiné à doter le Rafale et l'Eurofighter d'un radar de nouvelle génération.
En complément du radar qui est un système actif, le PIRATE (Passive Infra Red Airborne Tracking Equipment) permet de rechercher des sources de chaleur, et peut si besoin donner les informations nécessaires à un tir de missile tel que le ASRAAM. De nombreux systèmes de défense sont présents : détecteur de recherche radar (RWR), de recherche laser (LWR), ou d'approche missile (MAW), ce dernier couvrant 360°.
Versions
Le développement de l'Eurofighter est continu, y compris depuis le début de la production de l'appareil. La production est divisée en Tranches, elles-mêmes subdivisées en Batch et Block. A ce stade, 3 Tranches sont prévues.
La Tranche 1A (Block 1) est une version basique, destinée principalement à l'entraînement, disposant du radar mais pas de systèmes d'autodéfense. Cette Tranche est armée du canon Mauser, et peut emporter les missiles AIM-9L, AIM-120B et ASRAAM ainsi que des réservoirs larguables. La Tranche 1B (Block 2 et 5), officiellement opérationnel (Final Operational Capability), apporte une fusion totale des capteurs, de l'IFF et des liaisons de données, un système d'autodéfense complet, et peut emporter les GBU-10, GBU-16, Paveway II, AIM-120C-5. La Grande-Bretagne dote ses avions du pod Litening. Cette version peut déjà être équipée de réservoirs larguables supersoniques, est capable de ravitaillement en vol, et est autorisée aux tirs canon air-sol. Sa production débuta en Décembre 2006.
La Tranche 2, dont le premier Block (Block 8) voit une évolution des ordinateurs embarqués et des logiciels utilisés, et peut emporter les Paveway IV et EGBU-16, est commencée à être produite en 2008. Les autres versions de la Tranche 2, ainsi que la totalité de la Tranche 3, sont encore en cours de définition. Un programme (R2 enhancement programme) destiné à amener 115 des premiers avions produits au standard Block 5 a débuté en 2006 et devrait arriver à terme en 2012.
En Avril 2002, une étude fut menée dans le but de conserver l'efficacité opérationnelle de l'avion au-delà de 2040. Les options envisagées incluent un radar AESA (à antenne électronique), une poussée vectorielle, un rayon d'action augmenté, et une réduction de la "signature" (radar, IR ?). Ces options seraient applicables aux Tranches 2 et 3 ; l'Allemagne et la Grande-Bretagne aimeraient de plus ajouter une capacité d'attaque au sol à long rayon d'action dans la Tranche 3.
Le développement des capacités air-sol de l'avion a été intensifié en 2006, la première bombe, une GBU-16, étant larguée en Mai par un avion Espagnol.