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Ravitailleurs US: Boeing seul en course?

Article publié le 10 mars 2010 par Simon Castaing

La société américaine Northrop Grumman, maître d'oeuvre du ravitailleur KC-45, a annoncé hier son intention de ne pas participer au nouvel appel d'offre du Pentagone concernant le futur ravitailleur de l'US Air Force.

Coup de poker ou résignation?

Nouveau rebondissement dans un processus lancé il y a désormais plus de dix ans. Northrop Grumman a annoncé qu'il ne proposerait pas le KC-45 (basé sur l'Airbus A330MRTT) à la nouvelle compétition des ravitailleurs de l'US Air Force (la troisième en dix ans). La société justifie son choix par un cahier des charges (publié la semaine dernière) qui serait trop en faveur de l'appareil proposé par son concurrent Boeing.

Interrogé hier par Aeroweb-fr.net, Tom Enders a déclaré : "Je ne suis pas enchanté par cette décision, mais nous devons la respecter. Je suis déçu que les capacités de notre ravitailleur basé sur l'A330 ne puisse pas être pris en compte. Nous ne définissons pas les règles du jeu; c'est le gouvernement américain et le nouvel appel d'offres n'a pas de sens pour notre offre. C'est dommage car nous avions gagné assez clairement il y a deux ans avec notre partenaire Northrop Grumman. Néanmoins, nous avons été choisis par le Royaume Uni, l'Australie ou l'Arabie Saoudite par exemple et nous espérons remporter d'autres marchés car nous avons le meilleur produit."

Reste à savoir maintenant s'il s'agit d'une position définitive ou d'un nouveau tour de passe-passe dans cette sélection qui a déjà eu lieu deux fois avant d'être systématiquement annulée. En 2002, Boeing avait remporté l'appel d'offre puis avait été débouté suite à une affaire de corruption (2004). Lors du second tour, en 2008, le consortium formé de Northrop Grumman et d'EADS avait remporté la compétition avant de voir la procédure annulée pour vice de forme.

Boeing comme Northrop Grumman avaient annoncé leur intention de ne pas participer à la compétition s'ils jugeaient l'appel d'offre biaisé en faveur de leur concurrent. Northrop Grumman met donc sa menace à exécution en espérant probablement que le Pentagone amende sa procédure de sélection pour pouvoir privilégier l'établissement d'offres concurrentes. Une situation que devrait être financièrement plus favorable. Par ailleurs, les sénateurs républicains avaient déjà remué ciel et terre en 2002 pour que le contrat ne soit pas attribué sans compétition afin d'obtenir un meilleur prix d'ensemble. Reste que dans le contexte actuel de crise économique, la solution de Boeing semble plus porteuse dans l'opinion publique américaine d'autant plus que l'investissement initial devrait être moindre : Rien ne garantit donc que les demandes du Pentagone évoluent d'ici à la fin de la période de dépôt des propositions en mai.

A l'heure où de nouveau programmes majeurs pointent le bout de leur nez à horizon 10 ans (remplacement des modèles de moyen-courrier), il est étonnant qu'EADS laisse tomber si facilement cette affaire car même s'il n'y a pas de victoire à la clé, une offre concurrente réduirait probablement la marge de Boeing dans ce contrat, autant d'argent qui ne pourrait pas être investi dans de nouveaux projets.

A moins d'un nouveau retournement dans cette histoire qui n'en finit plus, EADS risque de devoir attendre les appels d'offre pour les autres tranches d'ici cinq ou dix ans pour pouvoir propose rune nouvelle offre, mais avec cette fois ci une sérieuse épine dans le pied pour des problèmes de communalité de flotte.

La situation commence à devenir critique pour l'armée de l'air américaine qui voit sa flotte de KC-135 (et dans une moindre mesure de KC-10) vieillir doucement mais sûrement, et tout nouveau retard dans le processus de sélection pourrait avoir de lourdes et couteuses conséquences (aussi bien financièrement qu'opérationnellement). Pour le moment, même si quelques problèmes de corrosion ont commencé à apparaître sur certaines cellules, la situation reste maitrisée. Mais si on prend en compte les niveaux de livraisons prévus, il faudra plusieurs décennies pour remplacer toute la flotte en service actuellement. Les avions américains ont tous été livrés à l'armée entre 1957 et 1965 et ont depuis été remotorisés soit avec des CFM56 (411KC-135R de l'US Air Force) soit avec des Pratt&Whitney JT3D (133 KC-135E de la National Guard et des réserves). Même si globalement les cellules n'ont pas beaucoup volé, le maintien en conditions opérationnelles jusqu'à 2040 de certains appareils risque d'être un défi majeur.

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