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La Belgique choisit le F-35 pour remplacer ses F-16

Article publié le 26 octobre 2018 par David Barrie

L'avion américain de Lockheed-Martin a été préféré à l'Eurofighter Typhoon au terme d'une procédure qui a duré plusieurs années, mais dont l'issue ne faisait aucun doute. La décision ne fait pas l'unanimité, loin de là !

La Belgique a officiellement annoncé le 25 octobre 2018 vouloir se doter de F-35 fabriqués par Lockheed-Martin afin de remplacer ses F-16 vieillissants. Les avions arriveront dans la flotte belge à partir de 2023. Cette décision fait suite à un appel d’offres qui a été long et fastidieux.

Ce sont trente-quatre F-35A qui viendront se substituer aux cinquante-quatre F-16. Dans le même temps, la Belgique augmentera le nombre de pilotes de trente-cinq à soixante-sept ; dans l’ensemble, les avions voleront pourtant moins (onze mille heures de vol aujourd’hui contre huit mille avec les F-35) même si chaque appareil devra être plus disponible en proportion.

Le contrat est estimé à près de trois milliards d’euros, soit un prix par avion d’environ quatre-vingt-cinq millions, ce qui représente un prix par unité supérieur de quinze millions par rapport à ce que Lockheed-Martin le vendra à l’armée américaine dès 2020 (80 millions de $).

Les avions concurrents, l’Eurofighter Typhoon et le Rafale de Dassault (même pas formellement proposé), n’ont pas été sélectionnés. Les autres constructeurs, Boeing ou Saab, n’ont même pas daigné répondre à cet appel d’offres et ont rapidement jeté l’éponge.

F35

Cette décision fait grincer des dents au sein des parlementaires belges. Et pour cause ; la Belgique promeut une défense européenne, mais rejoint un nombre grandissant de pays en Europe ayant fait le choix du chasseur américain, après le Royaume-Uni (partenaire des débuts), les Pays-Bas, l’Italie, la Norvège et le Danemark récemment. Petit à petit, le F-35 devient l’avion standard des armées européennes.

Alors que le gouvernement belge dit vouloir être "précis et objectifs pour assurer l'égalité et la transparence", des voix s’élèvent pour dénoncer l’appel d’offres. Marco Van Hees député du PTB a déclaré en séance : "Dès le début de la procédure, on savait très bien que les USA, maîtres de l'OTAN, nous imposaient ce choix du F-35. Durant cette longue procédure, on savait que les délais étaient pipés. On arrive maintenant à ce choix. C'est le F-35."

Aussi, on a appris qu’un collaborateur du ministre Vandeput avait été recruté par Lockheed-Martin après avoir été licencié par le ministère pour ses contacts avec l’avionneur américain. Le ministère précise cependant que le collaborateur n’avait pas accès aux informations sensibles.

Benoit Hellings des Ecolo-Groen, a lancé au ministre : "Vous prenez vraiment les parlementaires, et à travers eux tous les Belges, pour des cruches!" La pilule a du mal à passer auprès les parlementaires d’opposition qui voient dans le choix belge une farce de transparence : "Je m'attendais à recevoir un tableau comparatif des deux concurrents en lice, le Typhoon d'Eurofighter et le F-35 de Lockheed Martin. […] Je partage l'avis des services de la Défense qu'il ne s'agit pas d'une réponse au marché public", a continué M. Hellings.

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Plane aussi l’ombre de l’administration américaine qui semble avoir mis la pression sur le gouvernement belge pour accélérer sa décision. Le député Dirk Van der Maelen précise : "Les contraintes de temps imposées actuellement au Parlement sont dues au fait que dès le départ, il fallait que le F-35 emporte le marché. Les Américains ont prolongé la validité de leur offre de quinze jours à peine."

De son côté, le Président français a regretté la décision belge de ne pas se fournir auprès de constructeurs européens, même si le Rafale ne concourrait pas (en tout cas directement) : "Il n'y avait pas que l'offre du Rafale, il y avait aussi l'Eurofighter, une vraie offre européenne. La décision est liée à une procédure belge, […] mais stratégiquement va a contrario des intérêt européens."

Plus généralement, à part les membres du gouvernement belge et Lockheed-Martin, difficile de trouver un écho positif à la sélection du F-35A, quand bien même l’avion américain était archi-favori. Steven Vandeput, le ministre belge de la defense défend tout favoritisme : "L’évaluation des offres était sans équivoque: le partenariat avec les États-Unis et l’achat correspondant du F-35 constituent le meilleur choix pour notre pays sur le plan financier, opérationnel et industriel. Ce gouvernement a opté pour le résultat de la procédure ouverte et transparente qu'il avait engagée en mars 2017." Il évoque également une économie de plus d’un demi-milliard d’euros qui seront réinjectés dans l’industrie européenne pour justifier le choix du F-35.

Dans un communiqué de presse, Airbus affirme également regretter la décision belge de se procurer des F-35, même si Airbus "accepte la décision et comprend les liens forts entre la Belgique et les Etats-Unis sur les questions militaires." Le constructeur européen qui proposait son Typhoon laisse entendre que la compétition était jouée d'avance : "ce n'est pas une surprise totale." Tout comme Emmanuel Macron plus tôt dans la journée, Airbus précise que le choix belge est "une occasion manquée de renforcer la coopération industrielle européenne dans les efforts de défense."

Dans les prochains mois et années, le F-35 va encore être au centre de toutes les attentions alors que de nombreux pays européens cherchent à moderniser leurs flottes souvent constituées de F-16 ou de F-18.

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