S'il existe de grands avions de chasse, aucun n'est devenu le symbole d'une nation comme le Supermarine Spitfire. Le Spitfire fut une création de R.J. Mitchell, l'inventeur des hydravions Supermarine qui avaient remporté la coupe Schnieuder entre la fin des années vingt et le début des années trente. Il fut le fer de lance de la RAF durant toute la guerre, et a été engagé avec succès sur presque tous les théâtres d'opérations : Europe occidentale bien sûr, mais aussi Méditerrannée (notamment à Malte) et Extrême Orient. Ses formes élégantes et ses excellentes caractéristiques de vol en ont fait une icône.
Construit pour répondre à une demande de l'état-major de l'air britannique, qui souhaitait un avion de chasse monoplan armé de 8 mitrailleuses avec un habitable fermé et un train d'atterrissage escamotable, le prototype Type 300 vola pour la première fois le 5 mars 1936, environ dix mois près son grand rival, le Messerschmitt Bf 109. Doté d'un nouveau moteur Rolls-Royce Merlin, le type 300 était un petit avion de construction métallique doté de gracieuses ailes elliptiques qui allaient devenir la principale caractéristique du Spitfire.
Les premières livraisons du Spitfire Mk I, équipé d'un moteur Merlin II et de 8 mitrailleuses, eurent lieu en août 1938, un certain nombre d'exemplaires de cet appareil étant en service au moment où la guerre éclata. Le baptême du feu advint au cours de l'été 1940 pendant la bataille d'Angleterre. Les Hurricane étaient plus nombreux, mais le Spitfire marqua davantage l'imagination du public. En septembre 1940, la version Mk I fut remplacée par le Mk II, doté d'un moteur Merlin XII et disponible en deux versions, puis par le Mk IIA, avec 8 mitrailleuses, et le Mk IIB avec 2 canons de 20 mm et 4 mitrailleuses. En mars 1941, le Spitfire Mk IV de reconnaissance photographique fut suivi de l'excellent Spitfire Mk V, pourvu d'un fuselage renforcé abritant le nouveau moteur Merlin 45, d'une puissance de 1074 kW. Cette variante était proposée en trois sous-versions principales : le Spitfire Mk VA doté des ailes d'origine et armé de 8 mitrailleuses, le Mk VB armé de 2 canons et 4 mitrailleuses, et le chasseur-bombardier Mk VC, qui pouvait emporter 1 bombe de 227 Kg ou 2 bombes de 113 kG. Il existait également des modèles à ailes tronquées ou allongées : des ailes plus courtes autorisaient une exécution plus rapide des manœuvres acrobatiques et rendaient l'appareil plus maniable, tandis que les ailes allongées étaient adaptées aux missions à haute altitude. Le Spitfire Mk VB devint le cheval de bataille du Fighter Command de la R.A.F. entre le milieu de l'année suivante.
Un moteur surpuissant
Pour combattre le nouveau Focke-Wulf Fw 190, l'avion fut rapidement équipé du puissant moteur Merlin 61 de 1238 kW, doté d'un compresseur à 2 étages et à 2 vitesses. La nouvelle version, désignée Mk IX, fut conçue à l'origine comme un modèle de transition, mais elle fut fabriquée presque jusqu'à la fin de la guerre. Le Spitfire Mk VI et le Spitfire Mk VII étaient des chasseurs à haute altitude aux ailes allongées. Cependant, le Spitfire ultime à moteur Merlin fut le Mk VII, utilisé aussi bien comme chasseur-bombardier que comme avion de chasse. Ces appareils servirent principalement en Méditerranée et en Extrême-Orient.
Le Spitfire Mk X, le Spitfire Mk X et le Spitfire Mk XI avaient une vitesse maximale de 650 km/h. L'évolution du Spitfire, radicale au cours des six années de la Seconde Guerre mondiale, se déroula pourtant progressivement. Le principal changement consista en l'introduction, après la fabrication de 18 298 Spitfire à moteur Merlin, du puissant moteur Rolls-Royce Griffon IV qui affichait une puissance de 1 294 kW. Le Spitfire Mk XII, mis en service en 1943 pour affronter les nouvelles versions du Focke-Wulf 190 et du Bf 109, fut le premier modèle équipé de ce moteur. Celui-ci fut suivi du Spitfire Mk XIV à moteur Griffon 65 de 1 529 kW, en version chasseur et chasseur-bombardier. Cet avion était suffisamment rapide pour donner la chasse aux bombes volantes V1.
Reconnaissance
Le chasseur de reconnaissance Spitfire Mk XVIII entra en service au sein de la R.A.F. vers la fin de la guerre. Il avait une structure renforcée, un réservoir plus grand et une verrière en goutte d'eau, et il pouvait atteindre la vitesse maximale de 710 Km/h. Il fut suivi après guerre des versions Mk 21, Mk 22, Mk 24. Bien qu'étant toujours des Spitfire, ces derniers avions de chasse n'avaient plus rien en commun avec l'appareil d'origine. Le changement le plus radical concernait la voilure, entièrement nouvelle avec l'appareil d'origine. Le changement le plus radical concernait la voilure, entièrement nouvelle et dotée de 4 canons.
Des Spitfire spécialement conçus servirent au sein de la Fleet Air Arm (aéronautique navale) sous l'appellation de Seafire. Les Seafire égalaient leurs homologues terrestres, car ils étaient dotés des mêmes moteurs Merlin puis Griffon. Le dernier exemplaire de la lignée des Spitfire fut le Seafire Mk 47. Équipé d'un Griffon muni d'un compresseur à 2 étages, il pouvait voler à plus de 730 km/h et servit efficacement dans des missions d'attaque au sol pendant la guerre de Corée. Le Spitfire fut l'un des rares avions de chasse alliés à survivre à la Seconde Guerre mondiale. Il fut construit en grandes quantités (la production totale, toutes versions comprises, dépassa 22 000 exemplaires) et servit au sein de centaines d'unités britanniques, du Commonwealth, soviétiques, françaises ou américaines. Après la guerre, il demeura en service pendant plusieurs années. La dernière mission d'un Spitfire fut menée par un PR Mk XIX en Malaisie, en 1954.