D' Icare au cargo culte: avion, vol et poésie
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gerfaut
Inscrit le 27/03/2008 |
# 1 février 2010 21:48 | |
Kafka, en pleine crise d' écriture, assista au premier meeting aérien italien en 1909, ou vola aussi Blériot tout auréolé de son succès au dessus de la Manche. Un concours au meilleur papier écrit pour cet événement lancé par son ami Brod lui permis de se relancer, pour nôtre plaisir "Nous passions devant les hangars qui, avec leurs rideaux tirés, font penser à des scènes fermés de comédiens ambulants. Sur les frontons on lit les noms des aviateurs dont les appareils sont cachés là, avec les insignes tricolores de leur pays natal. nous lisons Cobianchi, Cagno, Rougier, Curtiss, Moucher (qui est originaire du Trentin, mais qui porte les couleurs italiennes, auxquelles il fait plus confiance qu'aux nôtres), Anzani, club des aviateurs romains. Et Blériot? demandons-nous. Où est Blériot? Blériot, à qui nous n'avons pas cessé de penser depuis le début." ... "D'un côté de la barrière de bois, de nombreuses personnes sont debout les unes à côté des autres. "Comme il est petit!" s'écrie un groupe français, presque comme un soupir, que se passe-t-il? nous nous frayons un chemin. Mais voilà sur le champ, tout près, un petit aéroplane avec sa vraie couleur jaune, tout près, que l'on prépare pour le vol. A cet instant nous découvrons aussi le hangar de Blériot et, à côté, celui de son élève Leblanc; ils sont construits en plein milieu du champ. Appuyé à l'une des deux ailes de l'appareil, voici Blériot, que nous reconnaissons immédiatement; il regarde attentivement, la tête bien plantée sur son cou, ses mécaniciens s'affairer autour du moteur. ... Voilà Blériot déjà assis sur son siège, il tient la main sur un levier, mais laisse encore faire les mécaniciens, comme des écoliers trop studieux. Il regarde lentement de notre côté, puis détourne ses regards de nous, les porte ailleurs, sans cependant les laisser jamais s'éloigner beaucoup de lui. Il va s'envoler, rien de plus naturel. c'est cette impression de naturel, unie au sentiment de l'extraordinaire attaché à sa personne et qu'on éprouve en même temps, qui lui donne cette tenue." Les aéroplanes à Brescia, 1909, 15 pages. _________________ "Je prends tout doucement les hommes comme ils sont, j' accoutume mon âme à souffrir ce qu' ils font" (Le Misanthrope, Molière) |
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blowlamp59
Inscrit le 02/01/2009 |
# 1 février 2010 22:36 | |
[i]Pendant la seconde guerre mondiale, il existait toute une panoplie de chansons plus ou moins "audibles" pour les "oreilles chastes" et que braillaient à tue-tête les pilotes lors de soirées arrosées où ils essayaient d'oublier pour un soir le stress du combat. Je vous propose une de ces chansons et qui s'appelle.Le vocabulaire n'est pas d'une grande difficulté, aussi je le laisse en VO pour que vous puissiez en savourer les mots et la rime Co-pilot lament ou La Complainte du co-pilote ! Air : The Cowboy's Lament I'm the co-pilot.I sit on the right It's up to me to be quick and bright I never talk back or I'll have regrets And I must remember what the captain forgets. I make out the flight plan and study the weather Pull up the gear and stand to feather Make out the mail forms and do the reporting And fly the old craft when the captain is snoring I take the readings and adjust the power Put on the heaters when we're in a shower Tell where we are on the darkest night And do all the book work without any light. I call for my captain and buy him Cokes I always laugh at his corny jokes And once in a while when his landings are rusty I come through with "Gawd, but it's gusty !" All in all, I'm a general stooge As I sit to the right of this overall Scrooge But maybe some day with great understanding He'll soften a bit and give me a landing. Capt.A Keith Murray _________________ If we open a quarrel between the past and present, we shall find that we have lost the future. Winston Churchill, House of Common,18 June 1940 |
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blowlamp59
Inscrit le 02/01/2009 |
# 1 février 2010 22:50 | |
Quelques précisions quand même sur certains mots d'anglais américain: a stooge : comparse, compère corny jokes : blague à "deux balles" Scrooge: radin ,rapiat rusty: râté par manque d'entraînement I come through: je m'en sors It's gusty: Y'avait un sacré vent de travers he'll soften a bit: il va s'adoucir un peu Est-ce une bonne idée de vous proposer ce genre de document en anglais ? Dites-moi. _________________ If we open a quarrel between the past and present, we shall find that we have lost the future. Winston Churchill, House of Common,18 June 1940 |
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eolien
Inscrit le 30/01/2008 |
# 1 février 2010 23:21 | |
Mais oui !... Et zappe qui veut ! Merci ! |
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gerfaut
Inscrit le 27/03/2008 |
# 3 février 2010 10:56 | |
LA FEUILLE De ta tige détachée, Pauvre feuille desséchée, Où vas-tu ? - Je n'en sais rien. L'orage a brisé le chêne Qui seul était mon soutien. De son inconstante haleine Le zéphyr ou l'aquilon Depuis ce jour me promène De la forêt à la plaine, De la montagne au vallon. Je vais où le vent me mène, Sans me plaindre ou m'effrayer: Je vais où va toute chose, Où va la feuille de rose Et la feuille de laurier. Antoine Vincent Arnault _________________ "Je prends tout doucement les hommes comme ils sont, j' accoutume mon âme à souffrir ce qu' ils font" (Le Misanthrope, Molière) |
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gerfaut
Inscrit le 27/03/2008 |
# 5 février 2010 15:37 | |
LES FAUCHEURS DE MARGUERITES "En 1900 ma petite, Les avions volaient si haut, Qu'ils fauchaient les marguerites, Et déplumaient les corbeaux. Ils avaient bien du mérite, À voler en ce temps là, Les grands oiseaux insolites, faits de bambous et de soie." http://www.youtube.com/watch?v=IYfe6mjarKY _________________ "Je prends tout doucement les hommes comme ils sont, j' accoutume mon âme à souffrir ce qu' ils font" (Le Misanthrope, Molière) |
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blowlamp59
Inscrit le 02/01/2009 |
# 5 février 2010 18:48 | |
Bravo pour ces textes magnifiques ! Un peu de poésie dans ce monde de brutes! Une seule question:où trouvez-vous tout cela? Avez-vous une collection d'ouvrages traitant de l'aviation d'une manière poétique ? En tout cas c'est un pur régal ! Merci _________________ If we open a quarrel between the past and present, we shall find that we have lost the future. Winston Churchill, House of Common,18 June 1940 |
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gerfaut
Inscrit le 27/03/2008 |
# 5 février 2010 20:34 | |
Salut Blowlamp59, non, je n' ai pas de livres, je cherche des poésies sur le thème du voyage sur le net ou ailleurs, j' ai lu un peu aussi. Tout le monde peut donc le faire. Cordialement. _________________ "Je prends tout doucement les hommes comme ils sont, j' accoutume mon âme à souffrir ce qu' ils font" (Le Misanthrope, Molière) |
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blowlamp59
Inscrit le 02/01/2009 |
# 6 février 2010 13:51 | |
Entre la propagande officielle et la réalité il y avait parfois un sacré fossé. Ce que les pilotes vivaient au quotidien était souvent bien différent de ce que les medias prétendaient. Je vous propose cette chanson, dédiée aux plus fameux avions US de la seconde guerre mondiale: Make me operations. Don't give me a P-38 with props that counter-rotate They'll loop and spin but they'll soon auger in Don't give me a P-38! [i]Chorus: Just make me operations Way out on some lonely atoll For I am too young to die I just want to go home[/i] Don't give me a P-39 with an engine that's mounted behind It will tumble and roll and dig a big hole Don't give me a P-39. Don't give me an old Thunderbolt, it gave many pilots a jolt It looks like a jug and it flies like a tug Don't give me an old Thunderbolt! Don't give me a Peter Four Oh, a hell of an airplane, I know A ground loopin' bastard, you're sure to get plastered Don't give me a Peter Four Oh. Don't give me a P-51, it was alright for fighting the hun But with coolant tank dry, you 'll run out of the sky Don't give me a P-51. Don't give me a P-61, for night flying is no fun They say it's a lark, but I'm scared of the dark Don't give me a P-61! Author unknown _________________ If we open a quarrel between the past and present, we shall find that we have lost the future. Winston Churchill, House of Common,18 June 1940 |
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gerfaut
Inscrit le 27/03/2008 |
# 9 février 2010 14:46 | |
Salut Blowlamp59, un problème d' ordi m' a empêché de réagir, merci pour cette chanson, sans doute très difficile à trouver. _________________ "Je prends tout doucement les hommes comme ils sont, j' accoutume mon âme à souffrir ce qu' ils font" (Le Misanthrope, Molière) |
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gerfaut
Inscrit le 27/03/2008 |
# 9 février 2010 15:09 | |
Marcel Proust raconte la première fois qu' il a vu un aéroplane, on a oublié quel choc ce fut pour les témoins de ces premiers vols. Parti se promener à cheval, il arrive dans un paysage de falaises normandes qui dominent la mer, la nature est magnifique, il pense être dans un cadre mythique, et tout d' un coup le bruit de l' avion fait cabrer son cheval, il traverse donc en flèche le temps: (...) J' étais prêt à pleurer du moment que j' avais reconnu que le bruit venait d' au-dessus de ma tête, -les aéroplanes étaient encore rares à cette époque - à la pensée que j' allais voir pour la première fois un aéroplane. Alors, comme quand on sent venir dans un journal une parole émouvante, je n' attendais que d' avoir aperçu l' avion pour fondre en larmes. Cependant l' aviateur sembla hésiter sur sa voie. je sentais ouvertes devant lui - devant moi si l' habitude ne m' avait pas fait prisonnier - toutes les routes de l' espace, de la vie. il poussa plus loin, plana quelques instants au-dessus de la mer, puis prenant brusquement son parti, semblant céder à quelques attraction inverse de celle de la pesanteur, comme retournant dans sa patrie, d' un léger mouvement de ses ailes d' or il piqua droit vers le ciel. A la recherche du temps perdu (III-417) (Dernière édition le 9 février 2010 15:13) _________________ "Je prends tout doucement les hommes comme ils sont, j' accoutume mon âme à souffrir ce qu' ils font" (Le Misanthrope, Molière) |
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gerfaut
Inscrit le 27/03/2008 |
# 11 février 2010 19:39 | |
Les oiseaux migrateurs http://www.cs.man.ac.uk/~janinl/local_c ... seaux.html Jacques Yvart _________________ "Je prends tout doucement les hommes comme ils sont, j' accoutume mon âme à souffrir ce qu' ils font" (Le Misanthrope, Molière) |
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gerfaut
Inscrit le 27/03/2008 |
# 12 février 2010 13:05 | |
Une aviation pendant l' Antiquité ? Je mets ces liens qui semblent sur le fond peu sérieux mais ces objets existent bien. http://www.dinosoria.com/aviation.htm http://www.dinosoria.com/avion-or.html _________________ "Je prends tout doucement les hommes comme ils sont, j' accoutume mon âme à souffrir ce qu' ils font" (Le Misanthrope, Molière) |
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Vector
Inscrit le 26/06/2007 |
# 14 février 2010 23:25 | |
Spécialement pour Gerfaut : Quelques siècles plus tard, cela aurait pu s'appliquer à l'aviation. Les conquérants Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, Fatigués de porter leurs misères hautaines, De Palos de Moguer, routiers et capitaines Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal. Ils allaient conquérir le fabuleux métal Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, Et les vents alizés inclinaient leurs antennes Aux bords mystérieux du monde Occidental. Chaque soir, espérant des lendemains épiques, L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ; Ou penchés à l'avant des blanches caravelles, Ils regardaient monter en un ciel ignoré Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles. Jose-Maria de Heredia _________________ " Des trolls, n'en jetez plus, la cour est déjà pleine !" Vector |
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gerfaut
Inscrit le 27/03/2008 |
# 15 février 2010 10:24 | |
MAGNIFIQUE ! Merci Vector ! _________________ "Je prends tout doucement les hommes comme ils sont, j' accoutume mon âme à souffrir ce qu' ils font" (Le Misanthrope, Molière) |
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