Actualité aéronautique

Ils veulent faire voler l'hydravion de Fabre

Article publié le 2 mai 2010 par David Barrie

Cent ans après le premier vol d'un hydravion sur l'étang de Berre, une équipe menée par Guillaume Bulin a construit une réplique de l'aéronef qu'Henri Fabre avait fait voler en mars 1910 et a l'ambition de le faire décoller du lac de Biscarosse pour le rassemblement international d'hydravions qui se tiendra du 13 au 16 mai 2010.

Un groupe de passionnés menés par Guillaume Bulin ont en projet de faire voler leur réplique du premier hydravion au monde, qui avait volé voici cent ans exactement. C'est Henri Fabre (pas l'écrivain, l'aviateur) qui avait mené l'aventure en mars 1910 sur l'Etang de Berre. Ce ne sont pas des doux-dingues. La plupart travaille pour le voisin Airbus. Ils avaient déjà construit une réplique du Cornu, sans pouvoir le faire voler. Leur ambition est cette fois plus grande. On sait que le Canard de Fabre a volé en 1910, l'exploit a même été constaté par huissier. Il faut pouvoir réitérer l'exploit, cent ans après!

Le groupe de M. Bulin a choisi un lac privé près de Toulouse pour leur expérimentation. En effet, l'avion est bien moins qu'un prototype et la DGAC n'a pas octroyé de certificat temporaire à l'aéronef. De plus, les hydravions doivent évoluer sur des hydrosurfaces rares dans la région toulousaine.

La route vers cette étendue d'eau fut longue et difficile: comme le disait un spectateur sur place, "ça se mérite". Les pluies des derniers jours ont rendu l'accès boueux. Seuls quelques 4X4 ont réussi à passer. Pour les autres, il faut terminer le chemin à pied et avoir prévu des chassures étanches ou des bottes ... pas des escarpins blancs!

La réplique a été financée par les membres de l'équipe. Ils n'ont pas reçu d'aide financière pour mener à bien ce projet. Ils y ont passé des week-ends, des vacances à fabriquer l'avion. Déjà, il y a quatre semaines, ils avaient mené des essais de navigation sur l'étang pour savoir comment l'engin se comportait. Aujourd'hui, le but était de passer au niveau suivant. Clairement, Guillaume Bulin voulait faire voler l'hydravion; voler est en fait un grand mot quand on voit de près l'avion et lorsqu'on évalue la longueur du lac. Disons qu'un saut de puce était plutôt ce qui était visé. Malheureusement, brisons le suspense tout de suite, le pilote n'a pas réussi à faire voler son aéronef; mais l'expérience s'est révélée plus fructueuse que ce qu'on pourrait penser.

Réplique de l'hydravion de Fabre

Lorsqu'on approche l'avion, on est frappé par la structure qui semble si fragile. Les flotteurs ne tiennent que par un gros écrou, le moteur est posé sur deux tiges de métal, le pilote est assis sur la poutre centrale. De plus, le tout est rigidifié par des cables qui se superposent, s'entrecroisent ou se relient les uns aux autres. Et c'est là tout le problème; pour que l'avion soit stable, il faut constamment régler les cables, réajuster une poutre ou serrer une vis. L'histoire ne dit pas si Henri Fabre avait les mêmes soucis.

Cependant, de plus loin, l'avion est gracieux. Les ailes sont entoilées, ainsi que la dérive et l'appareil ressemble bien aux avions du début du vingtième siècle. On se dit que c'est une chose fragile mais dès qu'il s'élance, la structure semble rigide et tient le coup. Bien sur, les flotteurs principaux, à l'arrière, ont tendance à se lever: La voilure de l'avion se trouve derrière le pilote. L'appareil sera difficile à manoeuvrer en l'air. Le pilote ne peut agir que sur le tangage de l'avion grace à un plan canard situé devant le pilote qu'il actionne avec ses bras. La lacet peut être modifié au sol grace à la gouverne reliée à un palonnier. Par contre, pas de contrôle du roulis. Il faut aller tout droit. Néanmoins, c'est une belle machine qu'on aimerait tant voir voler.

Réplique de l'hydravion de Fabre

Plusieurs fois, le pilote a réussi à faire décoller de l'eau les flotteurs arrière, mais rien de plus. Bien que ce soit un demi-échec, l'équipe a pu en tirer de nombreux enseignements. Il faudra rigidifier les flotteurs qui régulièrement se sont mis en travers lors du "roulage". De plus, l'hélice (faite maison) utilisée n'a pas permis d'optimiser la puissance du moteur. Guillaume Bulin aux commandes a, à plusieurs reprises, poussé le moteur à sa puissance maximale pour atteindre une vitesse importante: pas assez pour décoller entièrement. Il faudra donc se remettre à la planche à dessin et en fabriquer une autre. Ces modifications devraient être prêtres pour le rassemblement international d'hydravions à Biscarosse (dans les Landes) où M. Bulin veut amener l'avion. C'est l'année ou jamais: 2010 fête le centenaire du premier vol en hydravion à bord du Canard de Fabre. C'est aussi un endroit fabuleux pour montrer qu'une pièce de musée peut encore voler.

Reste que des obstacles viennent encore à l'encontre de ces passionnés: la DGAC par exemple n'a pas encore délivré de certificat de vol pour cet aéronef. Sans cela, l'avion ne pourra évoluer sur le plan d'eau de Biscarosse et devra seulement être présenté au sol, en exposition statique. Ce serait dommage pour l'équipe qui aimerait voir son projet aboutir, ainsi que pour les spectateurs qui seraient privés d'un spectacle hors du commun avec la nouvelle vie du premier hydravion de l'Histoire.

Quoi qu'il arrive de toute façon, vous pourrez voir la réplique du Canard à Biscarosse. A côté des Dornier Do-24ATT ou Catalina, il est fort à parier que cet hydravion fera partie des appareils les plus populaires des quatre jours de meeting, du jeudi 13 mai au dimanche 16 mai 2010, dans les Landes

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