L'avion dut principalement sa sélection à la médiocrité des chasseurs Heinkel (He-112), et à sa motorisation par le BMW-139 en étoile (remplacé rapidement par le BMW-801 à 14 cylindres en étoile), beaucoup plus disponible que les moteurs en ligne privilégiés par les ingénieurs allemands. Le premier vol, en juin 1939, fut suivi d'une longue période passée à corriger des problèmes de motorisation (surchauffe excessive et fiabilité) sur la quarantaine d'avions de présérie commandés.
Dès son apparition au-dessus de la Manche, en septembre 1941, le Fw-190A-1 se révéla supérieur au Supermarine Spitfire Mk.V en service à l'époque, et déclencha le développement accéléré du Spitfire MkIX. A partir de ce moment, l'avion devint une composante essentielle de la Luftwaffe et fut engagé sur tous les théâtres d'opération ; on le déclina dans une multitude de versions.
Sa cellule plus moderne que celle du Bf-109 lui permit d'acquérir une polyvalence plus aboutie. Au fil des versions, on le retrouve dans une multitude de rôles, allant de l'avion d'attaque au sol (versions F et G) au tueur de bombardiers, sans oublier bien sûr la chasse pure. Une version pouvant emporter une torpille fut même mise à l'étude, sans jamais arriver en opérations.
Evolution de l'appareil
La première version à disposer de l'armement caractéristique des Fw-190 fut le Fw-190A2, avec 2 mitrailleuses MG-17 de 7,92mm placées au-dessus du capot moteur, deux canons MG-151/20 à l'emplanture des l'aile tirant à travers l'hélice, et deux autres canons MG-FF un peu plus excentrés. La version A-3 vit l'installation d'un moteur plus puissant, à savoir le BMW-801D, qui remplaçait le BMW-801C utilisé auparavant ; on passa du carburant B4, à indice d'octane 87, au C3 (96). Le système de surpuissance eau-méthanol MW-50 fut implémenté sur la version A-4, qui fut principalement utilisée sans les canons externes MG-FF, et apparut sur les lignes de production vers Juin 1942.
La première importante modification structurelle de l'avion vint avec la version A-5. L'armement plus lourd que prévu (canons remplaçant des mitrailleuses) modifiait la position du centre de gravité, ce qui fut corrigé en allongeant le nez pour éloigner le moteur de l'aile, d'une quinzaine de cm. On décida ensuite de remplacer les MG-FF par des MG-151. Ce canon, bien que du même calibre que le MG-FF, avait une cadence de tir et une vitesse initiale améliorées, qui compensaient son poids plus important. Pour supporter l'excès de poids du canon et des munitions, l'aile fut redessinée, ce qui donna naissance à la version A-6.
Le A-7, variante assez mineure, standardisa un armement déjà présent sur certains avions expérimentaux : les MG-17 de 7,92 mm furent remplacées par des MG-131 de 13 mm, créant deux bosselages sur le capot moteur. Le A-8, une des variantes les plus produites grâce à l'organisation de la production des chasseurs pour la défense du Reich, voyait un réservoir ajouté à l'arrière du fuselage, et un déplacement du point d'attache ventral ETC-501 pour compenser l'effet sur le centre de gravité de cet ajout. Cette version entra sur les lignes de production en 1944. La version A-9 correspondait principalement à une nouvelle évolution du moteur.
La fin de la guerre vit apparaître une version dotée d'un moteur en ligne (Jumo 213) plus puissant et fin aérodynamiquement, qui nécessita un allongement du nez de l'avion : le Fw-190D "Long-nez". Cette version, qui réduisait l'avantage technologique des alliés, était prévue comme une version de transition pour aller vers ce qui deviendra le Ta 152. L'armement fut réduit aux deux canons intérieurs et aux deux mitrailleuses lourdes de capot. Le Fw-190 fut construit, toutes versions confondues, à environ 20000 exemplaires. La version massivement produite fut la version A, qui fut à partir de 1944 remplacée par la D à moteur en ligne (700 exemplaires) et par le Ta-152H, produit à 200 exemplaires.
Attaque au sol
Grâce à son moteur en étoile refroidi par air résistant et son bon armement, l'avion était adapté à l'attaque au sol. Rapidement, des versions dérivées des Fw-190A-4 et A-5 pouvant emporter des bombes furent imaginées et mises en œuvre. Les Fw-190F et G en furent dérivées. Ces avions n'étaient en général pas de nouvelles cellules, mais des cellules de Fw-190A modifiées. La version F était une version d'attaque au sol du Fw-190A, avec un blindage renforcé et deux canons en moins pour compenser le poids des emports externes. La version G, quant à elle, était une version de bombardement à plus long rayon d'action, capable d'emporter des réservoirs largables sous les ailes ou le fuselage, en plus d'un emport externe offensif. Ici, seuls les deux canons situés à l'emplanture de l'aile étaient conservés.
Le Fw-190 eut tant de succès en attaque au sol qu'il remplaça, vers la fin de la guerre, le Junkers Ju-87 Stuka dans son rôle d'appui rapproché des troupes au sol.
Casseurs de formations
Des versions basées sur les Fw-190A-6, A-7 et A-8 destinées à contrer les raids américains diurnes sur le territoire allemand virent le jour avec un armement de bord renforcé, par l'ajout de nacelles de 20 mm sous les ailes, ou le remplacement d'une paire de MG-151/20 par des MK-103 de 30 mm à tir rapide, beaucoup plus dévastateurs. Certaines de ces versions, à blindage frontal renforcé pour attaquer les bombardiers américains à bout portant, en secteur arrière, nécessitaient une escorte de chasse tant ils étaient lourds. Certains avions emportaient même deux W.Gr.21, c'est à dire deux lance-roquettes de 21 cm destinées à casser les formations de bombardiers en explosant au beau milieu.