Le LaGG-3 est l'un des trois chasseurs "modernes" qu'alignait l'URSS lors de l'attaque allemande, avec le MiG-3 et le Yak-1. Construit presque uniquement en bois, avec un cockpit spartiate, il ne peut pas réellement combattre avec les Bf 109 allemands sur un pied d'égalité, mais reste tout de même nécessaire aux VVS (forces aériennes soviétiques) qui ont besoin de remplacer leurs I-153 et I-16 pour le moins vieillots. Il n'est généralement pas apprécié par les pilotes.
Le peu de succès du LaGG-3 est cependant à relativiser, sa production est assez importante : en 66 "lots", un total de 6528 appareils sont produits jusqu'en 1944, la majorité l'étant entre 1941 et 1942, dont 5924 pris en compte par les VVS. La base de la conception est cependant bonne malgré une sous-motorisation certaine, puisque le successeur du LaGG-3 à partir de 1942, le La-5 à moteur M-82 en étoile, sera très apprécié.
C'est en 1939 que commence l'étude d'un chasseur "tout bois". Les trois ingénieurs rassemblés pour l'occasion sont Lavotchkine, Gorbounov et Gourkov, d'où le préfixe "LaGG". L'idée est non seulement d'utiliser du bois, mais de l'imprégner d'un mélange de goudron et de bakélite pour le densifier, augmenter sa résistance à la rupture et l'empêcher de brûler rapidement en cas d'incendie. Seules les pièces les plus chargées, comme les longerons, sont traitées ainsi, parce que cette opération va jusqu'à doubler la densité du matériau.
Le prototype du chasseur, I-103, fait son premier vol le 30 Mars 1940. De construction simple, semi-monocoque, c'est un monoplan aile basse cantilever, avec ailes à deux longerons entre lesquels sont logés les réservoirs de carburant. Ces derniers sont protégés, étant auto-obturants et remplis au fur et à mesure de la consommation de gaz neutres. Le moteur M-105 est un moteur en ligne, aussi utilisé sur le Yak-1. Si l'immense majorité de l'appareil est construit en bois, on trouve du Dural (un alliage d'aluminium) dans la structure des gouvernes entoilées, ainsi que sous formes de tôles de bâti-moteur (bâti-moteur en bois densifié lui aussi). Le cockpit est simplifié à l'extrême, dépourvu de radio ou d'instruments gyroscopiques.
Un second prototype (avec une aile dotée d'un longeron principal et d'un auxiliaire) est construit et apparaît en Novembre 1940 ; entre-temps les autorités ont rallongé la distance franchissable demandée, qui est de 1000 km. Comme il est impossible de revoir toute la structure, on munit le second prototype d'un réservoir de 150 L derrière le poste de pilotage. Les tests montrent un appareil facile à piloter, mais aux commandes lourdes, et aux performances insuffisantes par rapport au cahier des charges, cahier des charges très ambitieux : plafond de 12000 m (9600 atteints), vitesse de 650 km/h (585 atteints à 4700 m), etc. C'est tout de même une avancée significative par rapport au I-16, et la production en série est approuvée.
Avant d'avoir de réels avions de série, on passe cependant par toute une série de lourdes modifications, dont une véritable cure de poids, durant laquelle la masse de la structure, sur-dimensionnée, est réduite de 200 kg. La dénomination des appareils de série est LaGG-3. L'aile contient plus de carburant que sur le prototype, pour donner un total de 452 L. L'armement standard est d'un canon de 20 mm ChVAK à 120 obus, tirant à travers le moyeu de l'hélice, et deux mitrailleuses légères ChKAS sur le capot moteur. Les modifications apportées à la série augmentent le poids de l'avion de 400 kg, malgré les 200 kg gagnés sur la structure... Les premiers exemplaires de production sortent fin 1941.
Les premiers appareils produits seront de très mauvaise qualité, en devenant même dangereux, avec des tendances à cabrer brutalement. Les commandes sont mal équilibrées, la verrière de mauvaise qualité, etc. Les ressources après un piqué sont difficiles et finissent parfois en décrochage dynamique et vrille. A l'été 1941, les qualités de vol se stabilisent à un niveau acceptable, même si la vitesse a chuté par rapport au prototype : 550 km/h, contre 585. Au fil du temps et des lots de production, des modifications sont apportées. La motorisation évolue, avec un moteur M-105P au départ, puis le M-105PA, puis le M-105PF, avec une nouvelle hélice et un bâti en tubes d'acier. L'armement change très souvent, même s'il est en général basé sur un canon de 20 mm de moteur : les mitrailleuses complétant l'armement sont des ChKAS légères de 7,62 mm, ou des UBS de 12 mm.
Globalement, le LaGG-3 se révèle largement inférieur au Bf 109. La correction de l'équilibrage des commandes ne peut faire d'un avion sous-motorisé un foudre de guerre, et la maniabilité reste insuffisante. Un des atouts de l'appareil est cependant sa grande robustesse. L'avion est utilisé sur le front Nord, contre les Allemands mais aussi les Finlandais, dont il surclasse tout de même les appareils désuets comme le Fokker XXI ou le Fiat G.50. Il est même préféré au Hurricane, généralement peu apprécié par les pilotes soviétiques. Il est aussi engagé sur le front Centre, où il participe à la défense de Moscou fin 1941.
Quelques appareils seront équipés d'un canon de 37 mm ChK-37 dans le nez, à titre expérimental : d'abord sous l'impulsion de Goudkov à la mi-1941, puis de Lavotchkine en 1942. La longueur du canon force alors les ingénieurs à reculer l'habitacle, la cloison pare-feu et le radiateur d'huile de 350 mm. Le canon est bien efficace, et les pilotes l'apprécient, mais il n'est approvisionné que par vingt obus, a tendance à s'enrayer et est peu fiable. C'est l'arrivée du canon NS-37, en 1942, qui permet de produire un lot entier (lot 34, une quarantaine d'appareils) de LaGG-3 à canon de 37 mm. Plus court, plus fiable, ce canon évite toute modification lourde de la structure. Les appareils ainsi lourdement armés sont utilisés principalement contre les bombardiers ou les cibles au sol.
Le LaGG-3, comme la plupart des chasseurs soviétiques, est aussi rapidement doté de capacités d'attaque au sol : emport de 6 à 8 roquettes RS-82 sous les ailes, ou de bombes (jusqu'à 100 kg) ou réservoirs largables sous deux points d'emports.
En 1942, on tente aussi d'alléger le LaGG-3, en réduisant l'armement, l'équipement, et la quantité de pièces "bakélisées" ou densifiées. Les qualités de vol en sont améloirées, mais un des appareils s'écrase durant les essais opérationnels... La structure était peut-être trop allégée ! Une version biplace fut aussi testée à quelques exemplaires, mais jamais produite en série.
Source principale : Encyclopédie des Chasseurs Soviétiques 1939 - 1951, Herbert Léonard
Il n'y a pas de version référencé pour cet appareil.