Actualité aéronautique

Bourget 2013 : Aeros expose son aéronef pour cargo surdimensionné

Article publié le 22 juin 2013 par David Barrie

L'Aeroscraft est un dirigeable rigide bénéficiant d'un système avancé de gestion des ballasts.

Les allées des salons aéronautiques sont parfois ce qu'il y a de plus intéressant à arpenter. Entre des fabriquants d'écrous et des spécialistes d'alliages d'aluminium, nous avons trouvé une société américaine venue au Bourget pour présenter son projet, déjà à un stade plus avancé que de nombreux concepts.

Sur le stand d'Aeros, se trouve un modèle réduit de leur Aeroscraft, un engin plus léger que l'air prévu pour transporter du frêt surdimensionné et/ou très lourd. Jusque là, rien de bien nouveau ; Il y a belle lurette que ce type d'aéronef refait surface de temps en temps. Ce qui est très novateur ici est la mise en oeuvre.

L'Aeroscraft est un appareil rigide. La forme de l'aéronef est formée par des cadres en matériau composite à base de fibre de carbone lui assurant une robustesse plus importante que les autres dirigeables. Par dessus, l'entreprise californienne a appliqué une couche d'aluminium. Pour terminer, l'engin est recouvert de sept couches d'un textile créé spécialement par Aeros. Le but est de créer un appareil très léger pour pouvoir transporter une charge marchande accrue. L'ensemble est ensuite rempli d'hélium.

L'appareil pourra voler à cent noeuds en croisière et jusqu'à cent vingt noeuds à douze mille pieds d'altitude, tout en consommant moins qu'un avion traditionnel. Aeros estime à deux tiers le carburant économisé sur plus de cinq mille kilomètres.

Aeros a créé l'Aeroscraft pour répondre à trois demandes en particulier : être plus flexible dans l'offre cargo, mieux répondre à des crises humanitaires où les infrastructures ont été détruites et faire économiser de l'argent au contribuable américain. En effet, l'armée américaine est un partenaire privilégié de l'entreprise depuis trois ans. Les militaires américains pourraient être intéressés pour concevoir un engin plus léger que l'air pouvant transporter du frêt important ou des troupes dans des lieux sans aéroport.

Le but d'Aeros est de s'affranchir de toute infrastructure, aussi minime soit elle. Avec leur aéronef, il sera possible de décoller et d'atterrir de n'importe où sans qu'il y ait d'équipement ou de personnel spécifique au sol. John Kiehle, responsable de la communication nous explique : "avec un dirigeable traditionnel, si vous voulez décoller, il faut d'abord attacher votre appareil au sol ou en le lestant avec du sable, du plomb, de l'eau ou de la glace. Cela signifie que vous avez besoin d'avoir des infrastructures, même limitées dans l'environnement direct de votre appareil. Il en sera de même à l'atterrissage ou vous devrez évacuer de l'hélium. Pour pouvoir redécoller, il vous faudra encore une base pour remplir le dirigeable."

aeroscraft

Aeros a donc développé un système de gestion de ballast. L'helium peut être compressé et de l'air est injecté, rendant l'Aeroscraft plus lourd. Cela leur permet d'atterrir ou de rester au sol pendant que le frêt est chargé. Ensuite, l'hélium est décompressé et l'air évacué pour que l'Aeroscraft s'envole. Selon l'entreprise, cela leur permet de proposer deux véhicules différents, un de soixante-six tonnes et un autre de deux cent cinquante tonnes. Alors que l'appareil le plus gros n'a pas encore clairement défini, le plus petit affiche ses performances. La soute à cargo de  soixante-sept mètres de long, douze mètres de large et neuf mètres de haut, se trouve sous l'engin, à l'intérieur de la structure. Le frêt se charge par en-desous grace à deux grues. Le cockpit a été placé à l'avant du compartiment cargo pour que le pilote gère au mieux le chargement.

Pour propulser le dirigeable, la société a choisi un générateur au diésel, alimentant quatre moteurs électriques. Aeros affirme que cela sera plus silencieux et leur permettra surtout de s'affranchir du carburant tradionnel pour avions. Par ailleurs, le diésel étant facilement accessible partout dans le monde, l'Aeroscraft pourra se ravitailler sans avoir à atterrir sur une plateforme aéroportuaire.

A terme, la société espère construire vingt-quatre véhicules de ce type ; quatre dirigeables permettant de transporter soixante-six tonnes et vingt pouvant emporter deux cent cinquante tonnes. Le premier aéronef pourrait être certifié dès 2016 et la flotte entière pourrait être en exploitation commerciale à l'horizon 2020.

Déjà, un démonstrateur a été construit dans le sud de la Californie. L'engin, plus petit de moitié par rapport à ce que devrait être l'aéronef final, pèse quinze tonnes. Des essais de stabilité ont été réalisés dans un grand hangar. D'ici quelques mois, le modèle réduit fera son premier vol en extérieur, sans toutefois s'élever très haut dans les airs, le but n'étant que de tester la stabilité et le système de gestion du vol stationnaire.

Aeros ne vendra pas ses dirigeables mais s'oriente vers un système de location de la plateforme. Les clients s'adresseront directement à l'entreprise pour faire transporter leur frêt. Enfin, Aeros n'a pas souhaité communiqué sur le lieu de construction des aéronefs, surement en Californie et bien sûr sur le sol américain.

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