Actualité aéronautique

Farnborough 2018 : Samad Aerospace présente son Starling.

Article publié le 18 juillet 2018 par David Barrie

Cet appareil à décollage et atterissage vertical pourrait voir le jour d'ici 6 ans. Il devrait être électrique ou hybride selon les versions. Nous avons pu rencontrer son président et fondateur qui a bien voulu répondre à nos questions.

Lors du salon de Farnborough, AeroWeb-fr.net a pu rencontrer Seyed M. Mohseni, président et fondateur de Samad Aerospace. La société basée à Cranfield dans le Royaume-Uni occupe un petit stand du Hall 1.

Leur but est de fabriquer et de vendre un appareil à décollage et atterrissage vertical sous plusieurs versions : un drone de petite taille, un véhicule de taxi aérien en milieu urbain et un avion d'affaire pouvant emporter jusqu'à dix passagers. 

Il ne faut pas se fier à la taille du stand. Derrière leurs airs de doux rêveurs, ils ont déjà réussi à récolter plus de cent intentions d'achats dont la moitié pour une société d'ambulance volante.

Si tout se passe comme prévu, cet appareil (qui ressemble à une aile volante avec quatre soufflantes) entrera en service aux alentours de 2024.

 

 

AeroWeb-fr.net : quand l’entreprise a-t-elle été lancée?
Seyed M. Mohseni :
Nous y travaillions depuis 2014 informellement, pour être surs que le concept pouvait être pratique et viable. Il nous a fallu attendre pas mal de temps que la technologie utilisée ici soit prête pour ce genre d’aéronef. Et nous nous sommes lancés l’an dernier.

 

AeroWeb-fr.net : D’où est venu le concept?

Seyed M. Mohseni : A un moment, je trouvais le voyage en avion très frustrant. Je partais en Europe et quand j’allais sur Berlin par exemple, le vol me prenait une heure, mais le voyage en prenait six ! Il faut aller à l’aéroport, passer la sécurité, entrer dans l’avion, en descendre et repasser par l’aéroport. Il me semblait que j’avais gaspillé mon temps parce que je passais par un aéroport. Je me suis demandé pourquoi on ne pourrait pas amener l’avion directement de là où les passagers veulent partir pour les emmener là où ils veulent aller.

 

AeroWeb-fr.net :La mode est aux futurs avions sans pilote. Boeing a même ouvert un département dédié à cela. Que pouvez-vous dire de votre appareil?
Seyed M. Mohseni :
Dans notre catalogue, le premier produit est le Starling UAV sans pilote. Il décolle et atterrit verticalement et peut transporter entre cinq et dix kilogrammes de charge utile. Il fait deux fois la taille de notre maquette (exposée sur le stand NDLR). Après, les plus gros appareils pourront aussi être sans pilotes, si c’est nécessaire, mais nos aéronefs plus gros seront pilotés.

 

starling

 

AeroWeb-fr.net : Quel sera leur rayon d’action ?

Seyed M. Mohseni : La plus grosse version pourra voler sur deux mille quatre cents kilomètres à la vitesse de sept cent quarante kilomètres par heure. Ce sera la version hybride du Starling. Pour la version totalement électrique, elle sera utilisée sur des trajets en ville. Elle pourra voler à près de cinq cents kilomètres par heure sur six cent quarante kilomètres.

 

AeroWeb-fr.net : Où en est le développement ?

Seyed M. Mohseni : Nous avons évidemment fini la conception initiale. Nous avons construit un modèle réduit à l’échelle 1/10e et un autre à l’échelle 1/5e et nous les avons testés. Nous devons encore réaliser des essais sur la maquette à l’échelle 1/5e. Ensuite, nous devrons assembler un prototype à l’échelle ½ dirigé par un pilote. Pour terminer, il y aura le prototype à l’échelle 1.

 

AeroWeb-fr.net : Construire un prototype n’est pas gratuit. Ensuite, lancer une production est très coûteux ; Vivez-vous sur vos fonds propres ou cherchez-vous des investisseurs ?

Seyed M. Mohseni : Nos financements viennent en effet de capitaux privés. Nous cherchons aussi un soutien financier du gouvernement pendant la phase initiale. Il nous faudra de toute façon de gros investissements. Les personnes qui voudront nous aider seront les bienvenus.

 

AeroWeb-fr.net : Avez-vous par exemple des contact avec de gros acteurs du secteur ou des constructeurs ?

Seyed M. Mohseni : Je pense que c’est encore trop tôt à ce niveau de conception. Nous devons déjà présenter le prototype à taille réelle et c’est à ce moment-là que nous nous intéresserons aux investissements stratégiques ou à d’éventuels partenariats.

 

AeroWeb-fr.net : Vous ferez donc voler le prototype à l’échelle 1 ?

Seyed M. Mohseni : Le plan est d’amener l’aéronef vers une certification de type et dès maintenant, nous parlons même d’une usine de production. Nous avons parlé à quelques pays en Asie et dans des collectivités territoriales au Royaume-Uni afin d’installer des sites de production.

 

starling

 

AeroWeb-fr.net : La version lourde sera à propulsion hybride. Pouvez-vous nous expliquer plus en détails comment cela fonctionnera ?

Seyed M. Mohseni : Le décollage et l’atterrissage seront toujours à motorisation électrique. Quand l’appareil sera en dehors d’un environnement urbain, un générateur au diesel prendra le relais pour fournir de la puissance aux pales des hélices ou pour recharger les batteries.

 

AeroWeb-fr.net : Quel genre de moteur ?

Seyed M. Mohseni : Nous devrions utiliser une turbine à gaz.

 

AeroWeb-fr.net : Et pour les batteries, à combien estimez-vous leur puissance?

Seyed M. Mohseni : Le transfert de puissance devrait être de l’ordre d’un mégawatt. Il faudra donc plus d’un mégawatt de puissance pour chacune des hélices. C’est une puissance considérable qui sera transférée des batteries vers les pales.

 

AeroWeb-fr.net : Qu’en sera-t-il du prix ?

Seyed M. Mohseni : La version électrique qui peut voler à dix mille pieds d’altitude à près de cinq cents kilomètres par heure ne sera pas pressurisée. Les clients devront s'acquitter de six millions et demi de dollars (5,5 millions d’euros). Le jet d’affaires Starling sera au prix de douze millions et demi de dollars (10,5 millions d’euros). Comme il volera plus haut, la cabine sera pressurisée et il pourra voler plus vite.

 

AeroWeb-fr.net : Enfin, concernant la certification du Starling, rien de la sorte n’a encore été certifié. Avez-vous une idée du temps qu’il faudra et comment cela se fera ?

Seyed M. Mohseni : La certification par les autorités, l’AESA ou la CAA, est une des composantes les plus importantes pour ce projet. Nous avons déjà commencé à communiquer avec l’AESA et nous sommes conscients que nous devrons nous engager avec eux très tôt dans le processus. Nous pensons qu’il nous faudra entre trois et cinq ans pour le certifier.

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